Transparence extra-financière et force des convictions

Jeudi 24/06/2021

Les entreprises sont de plus en plus sollicitées en matière de communication et de transparence extra-financière. Les investisseurs sont, pour leur part, sans cesse plus nombreux à développer leurs modèles internes. Ils se nourrissent de données externes fournies par les agences de notation ESG, les proxy advisor et autres labels et certificats pour affirmer leurs convictions.

Entretien avec Joël Dibeton, Euronext, Sustainable Finance Lead – Capital Markets

Les entreprises doivent faire face à de fortes exigences en matière de communication extra-financière. Société civile, partenaires, clients, collaborateurs, mais aussi régulateurs et investisseurs, comment arriver à contenter toutes ces grilles de lecture ?

L’ensemble des parties prenantes ont des attentes de plus en plus fortes vis-à-vis des entreprises. Elles sont certes variées, mais il y a bien une clé commune, une attente principale, celle de la transparence extra-financière. Le grand public a un regard très large et s’intéresse à l’éthique. Les clients veulent savoir comment l’entreprise fonctionne. Les collaborateurs veulent un alignement entre développement personnel et ambition de l’entreprise. Tous attendent une transparence sur les process internes, sur le contrôle, les risques.

Une transparence également sur les ambitions et les moyens que l’entreprise se donne pour les mener à bien. En étant prêtes à jouer le jeu, en exposant atouts et faiblesses, les entreprises mettent l’ensemble des parties prenantes en confiance pour l’analyse de leur performance extra-financière.

Quels sont les usages, par les investisseurs, des travaux d’analyses des agences de notation ESG et des recommandations des proxy advisors en matière extra-financière ?

Il y a 20 ans, l’expertise des investisseurs était avant tout financière. Il fallait donc se tourner vers des compétences externes pour recueillir des données de qualité et fiables. Se sont ainsi positionnées trois grandes familles d’experts. Les agences de notation ESG, qui apportent une analyse globale en matière d’extra-financier et de nombreux experts thématiques (carbone, biodiversité, …), les proxy advisors, avec un focus particulier sur la gouvernance, et enfin les labels et autres certifications.  Tous ces experts apportent aux investisseurs des éclairages précieux.

Depuis 5 ans, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à développer leurs modèles internes. Ils ont chacun leur grille et ils se nourrissent de toutes ces données pour alimenter leur modèle et ainsi affirmer leurs convictions. Autre phénomène nouveau, si les proxy advisors sont depuis quelque temps déjà largement écoutés sur ces thèmes pour les large cap, ils le sont désormais, de plus en plus, pour les mid et small cap.

En attendant l’arrivée prochaine de standards : comment aller vers plus de comparabilité, de transparence extra-financière, de preuves de la part des entreprises ?

La Commission européenne a publié, le 21 avril dernier, une première version du texte de refonte de la Directive sur le reporting non financier des entreprises (NRFD) qui devient, signe d’une ambition forte, une Directive sur le reporting développement durable des entreprises (CSRD pour Corporate Sustainability Reporting Directive). La Commission propose que cette directive CSRD soit transposée dans le droit national des États membres d’ici le 1er décembre 2022.

C’est un changement fondamental qui va toucher toutes les entreprises, de la multinationale à la PME, cotées ou non. Un bouleversement comme le fut en son temps le passage à l’euro. Le business de chaque entreprise sera décrypté par sa capacité à générer des revenus, à gérer ses risques ET à mesurer son impact. La taxonomie verte sera le dictionnaire commun qui va permettre d’interpréter ce dernier point. C’est un point d’étape crucial vers un standard commun, comme le fut il n’y a pas si longtemps les normes IFRS qui battent la mesure du financier.

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Propos recueillis par Beñat Caujolle


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